Ouverture de l’exposition le 27 janvier 2018
L’artiste, décédé en 2009 à l’âge de 88 ans, arrive en 1951 à Paris où il rencontre Alechinski, Jorn et les peintres du groupe CoBrA, ainsi que Foujita avec lequel il
se lie d’amitié. Bien qu’ancré dans la peinture européenne, son style témoigne d’un univers original à la croisée des traditions orientale et occidentale. Il laisse
une oeuvre aux couleurs flamboyantes à travers laquelle il n’a cessé d’évoquer la nature : arbres, rochers, jardins en fleurs, volcans, arc-en-ciel composent un
langage vibrant de joie et d’énergie vitale. Yassé Tabuchi, qui s’était fixé à Vauhallan, dans l’Essonne, en 1959, a étendu son activité de peintre au Danemark, à la Belgique et dans d’autres pays, ainsi qu’au Japon où de nombreuses expositions personnelles lui ont été consacrées.
« Les couleurs se stimulent l’une l’autre, elles possèdent de l’éclat sans tuer leur voisine. Dans cette tension, l’harmonie n’est pas perdue. Cela, ce que devrait
être la bonne peinture, on peut sans doute le trouver dans plusieurs des grandes œuvres historiques.
Dans les tableaux de Yasukasu Tabuchi, ce qui diffère encore de ces peintures-là, c’est que le vert, le rouge, l’outremer, le jaune – la couleur même des pigments est vivante. Ces couleurs telles qu’à leur sortie du tube, l’orange et le violet, le noir et le blanc en tant que couleurs et le doré souvent employé, appliquées sans les mélanger çà et là sur la toile, parfois sur quasiment toute la surface, gardent toute leur pureté, débordent de transparence et s’élèvent, éclatantes. La vivacité de ces couleurs, souvent d’une force propre à couper le souffle, frappe le spectateur. Les peintres qui jouent avec habileté des couleurs primaires intenses et des coloris vifs sont innombrables. Mais on ne trouve aucun autre artiste capable de convertir en lumière propre au tableau l’éclat de la couleur d’origine. La couleur en soi affirme ici son existence matérielle. Ou bien, la substance qu’est la couleur nous saute aux yeux. Cette présence de la couleur confère aux peintures de Yasukasu Tabuchi leur attrait incomparable. » Toshio Yamanashi, Directeur du Musée National d’Art Contemporain, Osaka.
« L’or est un matériau qui relève des archétypes collectifs et ceux-ci dépassent aussi bien l’esthétique japonais que la sensibilité religieuse (chrétienne). Il est évident que l’or est un archétype universel qui n’est l’exclusivité ni de la culture japonaise ni de laculture chrétienne. Et parce que c’est un archétype, celui-ci est susceptible de représenter, à l’intérieur de chaque culture, des conceptions et des émotions particulières à cette culture, et même, parfois, l’or risque d’être identifié avec une nuanc
e rattachée à une caractéristique nationale. C’est pourquoi une « explication de l’or » devient un moyen pour éviter de tomber dans le piège de l’interprétation. Et cela permet aux Japonais d’être libérés d’une esthétique « japonaise » arbitraire et aux Occidentaux d’envisager l’éventualité que la sensualité devienne un « langage » aussi profond qu’une pensée abstraite. C’est, pour un peintre comme moi qui travaille à cheval sur deux civilisations, disons, un peu comme être la chauve-souris de la fable d’Esope. »Yasse Tabuchi