Chez Laurence Garnesson nous trouvons une manière personnelle et délicate avec comme préoccupation celle de l’abstraction – une abstraction lyrique. En regardant ses œuvres le nom de Joan Mitchell s’impose par son énergie et la finesse de sa couleur – mais également un contemporain comme Per Kirkeby qui est peut-être plutôt un figuratif préoccupé par la structure… De toute façon l’insistance sur des étiquettes comme abstrait et figuratif ont souvent quelque chose de réducteur, voire d’insuffisant.
Et qualifier l’œuvre de Laurence Garnesson d’abstraite serait plutôt insuffisant. Certes, vous ne trouverez pas une figuration immédiatement identifiable ici, mais les œuvres sont riches en structure. Des structures plus au moins élaborées qui sont posées, pour former le squelette de ses compositions. Ces structures sont ensuite densifiées, habillées, reliées ou bien dissimulées tout en servant d’éléments porteurs dans ces ensembles qui viennent vers vous en cachant partiellement un arrière-plan.
Songer à l’évocation d’un paysage semble évident, et plus particulièrement celle d’un paysage émotionnel. S’y trouvent également des ambiances très aériennes qui portent en elles l’éphémère du vol d’un insecte ou bien des constructions frêles et tenues comme une toile d’araignée. Car dans cet univers se trouve le léger, dans le bon sens du terme, comme l’impénétrable et le terrien. Le tout marqué par le dynamisme d’un geste posé qui porte en lui la suite du mouvement.
Si les structures porteuses sont plutôt sombres, souvent noires, pourtant l’impression immédiate est celle d’une grande luminosité. Il y a la lumière des fonds blancs laissés nus et celle apportée par la couleur. Parfois il s’agit d’une palette glacée avec des bleus pâles et des gris, parfois la dominante est plus chaude : Il arrive qu’un chanvre côtoie un citron vert, un lilas ou un rouge brulé.
Des rencontres brèves se font, des liens fragiles se nouent et en-dessous une formation a tout juste pris pied dans le fondement. Comme une pavane qui se déploie en s’élevant vers la lumière mais dont les danseurs reviennent toujours vers le sol.
Maria Lund